Le Libre ensemble frappe fort et achève de décrasser nos oreilles
Pour conclure en fanfare ce festival rien de moins que le Libre Ensemble, big-bang protéiforme du réseau imuZZic. Ce soir ce sont les permanents qui officient, avec de gauche à droite Fred Roudet (trompette) ; Rémi Gaudillat (trompette, bugle) ; Loïc Bachevillier (trombone) ; Damien Sabatier (saxophones, Theremin, Gralla Seca et flarinette, nous y reviendrons) ; Bruno Toccane (batterie) ; Philippe Gordiani (guitare) et Fred Meyer (guitare).
Une chouette équipe qui va nous proposer leurs compositions aux noms étranges : Crépuscule avec Nelly ; Free KC to Gawa ; Dans la coupe de Tiresias ou encore Bruno Rubato et d'autres.
Cette formation revendique sa liberté et son "ensemblité". Effectivement , après I Overdrive, le septet frappe fort et achève de décrasser nos oreilles. Les quatre soufflants dialoguent avec les guitaristes. Bruno Toccane donne le pulse.
Damien Sabatier est venu avec une grosse quincaillerie, en plus de ses saxophones baryton et alto, il jouera sur un Theremin (du nom de son inventeur au début du 20ème siècle, ancêtre du synthétiseur qui se joue sans contact avec l'instrument en se basant sur les propriétés capacitives du corps humain. Surprenant et bien placé dans ce contexte), il jouera aussi d'une sorte de hautbois en bois, la gralla seca d'origine catalane, un son rond et puissant. Enfin il sortira sa "flarinette" issue des amours d'une clarinette, coté bec et d'une flute côté corps, sans compter le tuyau de vidange de machine fluo du meilleur effet. Un spectacle à lui tout seul Damien.
Ce soir le libre ensemble joue bien en place et nous scotche dans nos fauteuils par l'intensité de la prestation.
Pascal Derathé, jazz-rhone-alpes.com, édition du lundi 16 août 2010
Le Festival sur Lignon, ou l'éclectisme culturel sur un plateau
Jeudi 8 août débutent les rencontres culturelles du 15e Festival sur Lignon. Jusqu'au dimanche 11 août, concerts, projections de film, spectacles de rue et randonnées s'enchaînent sur le plateau du Mezenc.
Comme à son habitude, le programme du Festival sur Lignon ouvre grand les bras aux rencontres, à l'éclectisme et à la diversité culturelle : cette année se mélangeront poésie, batucada, jazz, film d'animation pour la jeunesse dans le décor pittoresque du Mézenc du 8 au 11 août. La programmation du festival incite le spectateur à découvrir, à aiguiser sa curiosité pour enfin, partager la passion des artistes.
Lauren Lacrampe, mon43.fr, édition du mardi 7 août 2012
Le Festival sur Lignon a l’art de dénicher des fous inspirés
Fay-sur-Lignon. Jeudi, pour ouvrir les festivités, Evariste Champion, le musicien aux attaches dans l’Emblavez, n’a laissé personne indifférent.
La soirée d’ouverture de la 15e édition du Festival sur Lignon, jeudi, au gîte des Chênes, chez Corinne Drevet et Patrice Blanc, a confirmé le « nez » des programmateurs.
Dans ce cadre intimiste, propice à l’écoute pleine et paisible, les spectateurs ont découvert, ébahis, Evariste Champion.
Ce jeune auteur et musicien originaire de Malrevers, dans l’Emblavez, a joué dans des bals traditionnels avec le CMDT (Centre des musiques et des danses traditionnelles) de Haute-Loire. Il vit désormais à Lyon et explore, avec frénésie, des contrées musicales plurielles qu’il croise furieusement avec la poésie.
Il donnait son concerto De Pierre et d’Ombre avec des clarinettes, une vieille à roue « l’instrument du diable », sa voix et des samples.
Cet artiste atypique a bousculé l’auditoire. Son ambition affirmée est d’offrir « un yoddle auvergnat aux résonances telluriques », entre transe, rock, jazz et world.
À brûle-pourpoint, cela peut paraître curieux, mais une fois le spectacle absorbé, le spectateur comprend mieux de quoi il retourne.
Dans cet opus, l’inspiré personnage livre son ressenti par rapport à des paysages « sillages de laves qui ruissellent, courbes tendues » caractéristiques de l’Auvergne et du Plateau du Mézenc.
Dans le public, après un tel maelström, Jean-Claude Honoré, un passionné visiblement érudit, est dithyrambique : « C’est la fusion réussie de la tradition et de l’improvisation jazz. Il me fait penser à ce chanteur basque Beñat Achiary. On peut chercher du côté d’André Minvielle. On lit aussi chez lui des filiations du côté de Louis Sclavis et Michel Portal. »
Fabienne Mercier, Le Progrès, édition du vendredi 9 août 2013
Viking Project à Fay-sur-Lignon
C'est au boss Olivier Kikteff de faire les présentations :
"Contrairement a ce qu'on pense les vikings étaient des gens très cultivés : ils pillaient aussi les bibliothèques". (sic)
"Il va falloir vous y faire notre set va être un peu violent, alors on vous fait une intro habituative. Si tu n'es pas parti avant la fin c'est gagné" (re-sic).
Effectivement le répertoire du Viking Project pourrait être qualifié de balkano-rock tendance hard mais n'hésite pas à piocher dans les rythmiques reggae, ska et parfois un peu de tout.
Après l'intro débridée le premier morceau Viking Project donne le ton. Ça va jouer vite et fort.
Derrière, trop dans l'ombre, Yannick Alcocer l'accompagne à la guitare rythmique. L'autre compagnon de route des Doigts de l'homme, Tanguy Blum est la basse électrique, beaucoup plus déluré qu'à son habitude. Les deux nouveaux du groupe sont Antoine Bessy au sax soprano, qui sera remarquable de finesse tout au long du set et l'élégant batteur Stéphane Pardon. Un power quintet qui va nous promener dans de nombreux univers tout au long du concert, le tout dans la bonne humeur imposée par Olivier.
Soupir, est une chanson "à refrain unique", une spécialité de Tanguy Blum, faut pas louper le top du contrebassiste.
Avec le oud Olivier nous emmène ailleurs en commençant par une composition dédiée à un musicien indien "Dhruv". Mélange des genres encore.
La Suite Barthinoise est dédiée au nouveau gentilé du patelin où habite Olivier en Ardèche.
Un peu de revendication avec Non au gaz de schiste ce qui est chaudement approuvé par une salle très concernée par le sujet.
Suit une pause bière locale (pas de publicité ici) sur scène pour attaquer un morceau bien nommé :Enragé ; ça pousse fort!
300 euros morceau créé "sous Sarkozy" pour remercier le précédent gouvernement d'avoir institué une prime de départ volontaire de 300 € pour les roms, système qui perdure sous l'actuel gouvernement. Efficacité quand tu nous tiens! Un thème toujours très énergique (j'imagine mal ce groupe nous proposer des slows langoureux) avec quelques citations de notre hymne national.
Olivier prend la guitare à douze cordes pour un morceau qui ressemble à un "accouplement de Led Zeppelin et Metallica" (sic) ; Skyzo, "un côté déjanté et un côté pas janté" (re-sic)
La fin du concert est consacrée à "l'histoire du cow-boy roumain" histoire de ressortir le banjo.
Avec ce concert je découvre ce Viking Project, très rock, qui démontre une fois de plus le talent d'Olivier Kikteff avec tous types d'instruments à cordes et confirme ses qualités d'entertainer décalé. Comme d'habitude il a su s'entourer d'une bonne bande de musiciens et copains pour monter un set très compact.
Pascal Derathé, jazz-rhone-alpes.com, édition du lundi 12 août 2013
Mina Agossi à Fay-sur-Lignon
Mina Agossi, pimpante comme à son habitude, arrive seule en scène pour un Nature boy a capella dédié aux organisateurs du festival. Dès l'entame on comprend qu'elle est en forme et a envie d'offrir un set de qualité à ce public du Mezenc.
Elle est entourée de Stéphane Guery "guitariste de Archie Shepp", nous précise-t'elle, connaissant les liens qu'elle entretient avec Archie sa présence ne nous étonne guère. Elle nous présente ensuite son jeune batteur (vingt deux ans) Simon Bernier ("ex-viking devenu Men in Black") et son compagnon de toujours, Éric Jacot à la basse électro-acoustique.
Elle va nous proposer des reprises principalement des 70's avec pour commencer un titre de Billy Idol: Eyes without a face avec un joli duo guitare / guitare basse, puis Water of march (C.A. Jobim) un arrangement totalement déconstruit et reconstruit, original, heureusement qu'on reconnaît les paroles pour pouvoir l'identifier.
Un hommage à Jimmy Hendrix avec Third stone from the sun où la guitare n'a pas été sollicitée du tout, c'est un comble! Ce qui laisse la place belle à Eric Jacot et à Simon Bernier.
Fin du concert sur un When the Saints ... complètement remanié en blues avec chorus de guitare à la clé et chœur d'Eric qui se lâche puis rappel sur Why did you do it de Stretch moins disco que l'original, plus funky.
On retrouve avec ce concert une Mina Agossi très show-woman qui sait s'y prendre pour apprivoiser un public même si celui-ci ne savait pas trop à quoi s'attendre avant.
Pascal Derathé, jazz-rhone-alpes.com, édition du lundi 12 août 2013